Les points forts du programme d'histoire (4)

XIX° siècle (1815-1914)
Entrée dans l'époque contemporaine...

1) La France dans une Europe en expansion industrielle et urbaine : le temps du travail en usine, des progrès techniques, des colonies et de l'émigration 
A) De l’usine au faubourg ouvrier : industrialisation et urbanisation
1) Les facteurs
XIX° : siècle de la révolution industrielle, du passage de l’artisanat à la grande industrie. Naissance de l’économie moderne, de la production de masse, d’autant plus que la population européenne s’accroît. Cela tient au recul spectaculaire de la mortalité. 
Au-delà naissance d’une société industrielle moderne (avec répercussion sur vie privée de chacun). Concept de « révolution industrielle » (sur le temps long : elle dure des décennies, la première R.I s’achevant vers 1880) : combinaison de sources nouvelles d’énergie (le charbon au début du siècle, l’électricité et le pétrole à la toute fin…), de nouvelles machines utilisant cette énergie (machine à vapeur, puis moteur à explosion), de nouveaux secteurs industriels (essor du chemin de fer tout au long du siècle, de la sidérurgie (du fer à l’acier), de l’industrie textile, puis à la fin du siècle, chimie (aluminium), industrie automobile… R.I = innovation, croissance, augmentation de la richesse disponible, amélioration considérable du sort des populations européennes… 
Point de départ : Grande-Bretagne, dès la fin du XVIII° (James Watt, 1769), puis Europe occidentale (France, Pays-Bas, Allemagne…), puis Europe du sud et de l’est (industrialisation également du Japon, des États-Unis, du Canada, de l’Argentine…) Naissance du monde occidental, sur des valeurs économiques et sociétales européennes… (ainsi du rôle de l’État dans la croissance et l’organisation économiques en France, ou en Allemagne…)
Le charbon, le minerai de fer étant lourds, les industries métallurgiques et mécaniques se localisent sur les zones de production de l’énergie (notamment les bassins houillers) : naissance de régions industrielles (Ruhr, Lorraine, Nord, Le Creusot, Alès…) De la même façon, à la fin du siècle, industrialisation des vallées alpines, vosgiennes, par la maîtrise de l’énergie hydroélectrique. 
2) Les conséquences
Elles sont multiples :
- sur le plan spatial : à l’échelle européenne, émergence de grandes régions industrielles, de « pays noirs », régions motrices, dont la domination s’étend sur des périphéries plus ou moins lointaines (immigration polonaise dans les mines du Nord français). Idem à l’échelle française : naissance d’une France plus industrielle, plus urbaine à l’est d’une ligne le Havre /Marseille : attractivité de ces régions pour une population paysanne largement majoritaire, et excédentaire dans les campagnes grâce à la modernisation des techniques agricoles : exode rural des maçons de la Creuse, des ramoneurs savoyards, des bougnats (charbonniers) auvergnats. 

En dehors de villes traditionnellement industrielles comme Paris ou Lyon, l'exploitation et la transformation de la houille et du minerai de fer, plus tard des rivières de montagne, fixent sur place industries et population, souvent d'origine paysanne, pour constituer de grandes régions industrielles, à l'échelle de toute l'Europe.

A l’échelle locale, naissance et développement des faubourgs, puis des banlieues industrielles et populaires (le cas de Belleville)
- sur le plan social : naissance de l’ouvrier d’usine (le prolétaire), même si l’artisan, surtout en France, demeure majoritaire (l’ouvrier d’usine constitue une proportion importante de la main d'oeuvre seulement dans les années 30 en France). Contrepoint : figure du bourgeois, propriétaire des moyens de production (grandes familles d’entrepreneurs : de Wendel, famille Motte dans le nord…) Dans les pays industrialisés de l’Europe centrale, orientale et méditerranéenne, la société reste dominée par les grands propriétaires fonciers. 
- sur le plan sociétal : mutations progressives des modes de vie :
 moyens et horizons des déplacements (train, tramway, métro, bateaux, la voiture et l’avion à la fin du siècle), du village vers les grandes villes, l’étranger… Développement de réseaux de transport qui structurent très fortement l’espace (étoile de Legrand en France).

Construction du métro, en 1902, près de la Rotonde de la Villette, dans une capitale encore marquée par la circulation hippomobile...

 diversification des activités (liée aux nouvelles industries) : cheminots, dames du téléphone, instituteurs, employés de magasins, fonctionnaires 
 naissance de la ville moderne, associant ségrégation sociale et ségrégation spatiale (éventration du vieux Paris, création d’une nouvelle voirie, de nouveaux immeubles (Haussmann), de quartiers chics. Création de cités, de villes ouvrières (Le Creusot autour des usines métallurgiques des frères Schneider, Manchester). Des villes éclairées à l’électricité, parcourues par des tramways, très denses… Urbanisation progressive des pays européens, la Grande-Bretagne en tête dont la population est majoritairement urbaine dès la deuxième moitié du siècle (1928 pour la France, en retard…) 
 naissance de nouvelles formes de culture (culture populaire : sport de masse – football -, feuilletons populaires dans presse à très grand tirage, liés à l’alphabétisation de la société française)
 nouvelles préoccupations : hygiénisme et pollution (souci nouveau de la santé, du corps, avec progrès de la médecine - Pasteur) mais aussi coûts de la révolution industrielle sur l’environnement (on construit des cheminées plus hautes). 
Nouvelle présence européenne dans le monde : l’exode rural ne peut résorber le trop-plein de main d’œuvre (les machines nécessitent par ailleurs moins d’ouvriers…) Une part croissante de ces ruraux européens quitte les rivages du vieux contient pour des pays neufs (c’est le peuplement spectaculaire des Etats-Unis – 23 millions d’immigrants entre 1880 et 1920 -, du Canada, de l’Amérique du sud, de l’Australie).

B) L’impérialisme européen domine le monde
Colonies européennes issues de l’Ancien Régime : Martinique, Guadeloupe, Île Bourbon (la Réunion…) Canada pour la Grande-Bretagne. 
Dès la fin du XVIII°, volonté européenne de conquérir l’arrière-pays, en Afrique, en Asie. Conscience d’une supériorité européenne complète : c'est le « fardeau de l’homme blanc », la mission des 3 C : Commerce, Christianisme, Civilisation. (Une dépression économique dans le dernier tiers de siècle en Europe favorise également les projets de "relance" outre-mer).
Volonté missionnaire, curiosité géographique (missions d’exploration de Livingstone, de Brazza), vite encadrées par les gouvernements, intérêts économiques : nickel de Nouvelle-Calédonie, phosphate du Maroc, caoutchouc (pour les pneus) d’Afrique subsaharienne, territoires-marchés pour l’industrie des armes européennes, pour l’industrie textile anglaise (en Inde, au Nigeria). Création d’un marché mondial par la baisse des coûts de transport, leur accélération, création infrastructures (percement du canal de Suez par Ferdinand de Lesseps en 1869). 
Colonisation de tout un continent, l’Afrique (au moment où les colonies espagnoles et brésiliennes accèdent à l’indépendance en Amérique latine…) : au nom de la lutte contre la traite des Noirs (Traité de Vienne, 1815) et de la lutte contre l’esclavage (1838 en Grande-Bretagne, 1848 en France), au nom de la mission civilisatrice de l’homme blanc… (sociétés de plus en plus esclavagistes, et sacrifices humains d’esclaves, pour le deuil des chefs, dans certaines sociétés africaines…) Projets anglais d’une liaison Le Caire-Le Cap, projets français d’une liaison Dakar-Djibouti… Ces concurrences pour contrôler les marchés créent des tensions internationales, alourdissent le climat (l’Allemagne revendique une plus grosse part de gâteau…)
Protectorats puis possessions également allemandes, portugaises… 
En 1885, conférence de Berlin, pour assurer la liberté commerciale dans les territoires déjà largement conquis (le partage de l’Afrique est déjà bien avancé…)

Signe de la domination européenne du monde, entamée avec les Grandes Découvertes, les empires coloniaux participent de l'affirmation nationale et d'une stratégie impérialiste, en particulier pour la Grande-Bretagne et la France. 

Destruction des sociétés traditionnelles : les chefs sont transformés en petits fonctionnaires, relais de l’administration coloniale. L’impôt par tête, donc la monnaie, donc le travail salarié est introduit. Anglais et Français recrutent des « apprentis » pour le travail forcé de construction des postes, des routes, des chemins de fer… (Les sociétés traditionnelles résistent mieux en Asie, où la France, sous Jules Ferry, s’installe en Indochine…) Des territoires immenses, notamment au Congo ouvert par Stanley, sont concédés à ces compagnies privées qui exploitent brutalement le caoutchouc et l’ivoire. C’est une économie de pillage, de prédation : les entreprises européennes exploitent les matières premières sans aucun souci de développement des territoires. Ainsi de l’éducation, qui ne sortit guère des mains des missionnaires. En 1892, l’École des fils de chefs et des interprètes avait comme seul objectif de créer un corps d’auxiliaires de la colonisation.
En 1914, l’Empire britannique précède l’Empire colonial français (10 millions de km2, 50 millions d’habitants). 

2) L'installation de la démocratie et de la République
A) Le « siècle des barricades » : les combats pour l’égalité
1) Une succession rapide des régimes
1815-1830 : la Restauration / 1830-1848 : la Monarchie de Juillet / 1848-1851 : la Seconde République / 1852-1870 : le Second Empire / 1870-1940 : la III° République
2) L’héritage révolutionnaire : un enjeu pour les générations romantiques et socialistes
le combat pour l’égalité politique : l’enjeu du suffrage universel
Suffrage universel masculin prévu pour l’élection de la Convention, mais situation d’urgence. Sous la Restauration, et la Monarchie de Juillet, suffrage censitaire (élargi pendant la monarchie de Juillet : discours de Guizot, longtemps chef du gouvernement : « enrichissez-vous par le travail et par l'épargne », sous-entendu "et vous pourrez voter"...)
Révolution de 1848 : suffrage universel masculin. Interdiction de la peine de mort pour motifs politiques… Atmosphère de tolérance, d’amitié : « le printemps des peuples » : génération romantique… 
Demeure, sous forme de plébiscite, sous le Second Empire… qui devient tardivement, en 1869, le premier régime parlementaire français (responsabilité du gouvernement devant l’assemblée). 
III° République : suffrage universel masculin… 
le combat pour l’égalité raciale : l’enjeu de l’émancipation raciale 
1794 : abolition de l’esclavage par la Convention, sous Robespierre. Rétablissement sous Napoléon en 1802. Le 29 mai 1802, les officiers dits "de couleur" furent exclus de l'armée française ; le 2 juillet 1802, le territoire de l'Hexagone fut interdit aux "noirs et gens de couleur" ; le 8 janvier 1803, les mariages "mixtes" furent interdits, etc. Mort de chagrin en 1806, le général Alexandre Dumas, fils d'une esclave noire et père du romancier Alexandre Dumas, panthéonisé par le président Jacques Chirac le 30 novembre 2002, fut l'une des victimes de cette épuration raciste. Expédition militaire en 1803 contre la premier État noir indépendant, la colonie de Saint Domingue dont les esclaves se sont révoltés pour fonder Haïti. 
1848 : abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. 
L’esclavage recule très doucement : les esclaves du Sénégal sont émancipés seulement en 1877, et il faut un discours de Victor Schœlcher devant le Sénat pour que les choses aillent plus vite. (L’esclavage domestique demeure…) 
le combat pour l’égalité sociale : l’enjeu de l’émancipation ouvrière
Terrible condition ouvrière au début de la Révolution industrielle : 1ère loi sociale : interdiction du travail des enfants de – de 8 ans, en 1841… 12 à 14 heures de travail par jour : pas de législation sociale, pas d’intervention de l’État, pas de droit d’association, pas de droit de grève…
La question sociale apparaît dès 1848, lors de la Révolution de Février :
« Le Gouvernement de la République Française s’engage à garantir l’existence de l’ouvrier par le Travail ; Il s’engage à garantir du Travail à tous les citoyens ;
Il reconnaît que les ouvriers doivent s’associer entre eux pour jouir du bénéfice légitime de leur travail. »

La suppression des Ateliers nationaux provoque des émeutes de la faim et la répression de juin 1848, sous le commandement d’une Assemblée républicaine, mais majoritairement conservatrice : les bourgeois, élus des campagnes, sont effrayés par les Rouges parisiens.
Naissance des idéologies ouvrières, socialisme (Charles Fourier, Louis Blanc, Proudhon), puis communisme de Karl Marx (lutte des classes, domination du prolétariat sur la bourgeoisie)
Des progrès sociaux sous le Second Empire (intérêt du jeune Napoléon pour le socialisme) : 
1849, médecine gratuite pour les pauvres ; 1850, institution de la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse ; 1851, suppression du travail des dimanches et des jours de fête ; 1853, organisation des conseils de Prud'hommes ; 1864, liberté du droit de grève ; 1864, liberté du droit de coalition (que la Révolution française avait supprimé) De 1850 à 1870 les salaires augmentent de 45%.

B) L’œuvre de la III° République 
1) Un régime stable
1870 (sur les décombres du Second Empire) – 1940…
Naissance et épanouissement d’un régime parlementaire, issu du suffrage universel (masculin) ! Responsabilité du gouvernement devant une Assemblée (Chambre des députés) souveraine. Instabilité gouvernementale…
2) Des acquis considérables 
- les progrès sociaux : 1874 : une loi réduit la durée du travail des femmes et des enfants. Les ateliers de manufacture ne peuvent embaucher d'enfants de moins de 12 ans. La journée de travail des enfants de 10/12 ans ne peut dépasser 6 heures et 12 heures pour les enfants de plus de 12 ans. (Création de l’inspection du travail) En 1881, les enfants sont protégés jusqu’à 13 ans…
1884 : reconnaissance des syndicats (naissance de la CGT en 1895)
1900 : La durée maximum de travail des adultes et des enfants passe à 10 heures par jour.
3000 h/an en 1850 ; 2300 en 1930 (1300 en 2000) Dans le même temps, augmentation continue des salaires à partir de 1850 (le salaire réel est multiplié par 2 : amélioration du régime alimentaire, du logement, surtout pour les ouvriers qualifiés…)
Progrès parallèles de l’hygiénisme, de la médecine : Pasteur et le médecin allemand Robert Koch ont véritablement donné naissance à la bactériologie. Le développement de cette discipline est considéré comme le plus grand progrès de l’histoire de la médecine. En quelques décennies, les germes de maladies graves comme la diphtérie, la tuberculose, la lèpre et la peste ont été isolés. (Mais inefficacité de la médecine occidentale en Afrique…) 
- les libertés publiques : liberté de réunion, d’association d’expression, d’affichage
lois Ferry (1881-1883) sur l’instruction publique obligatoire, gratuite et laïque pour les enfants de 6 à 13 ans (une école du peuple) L’école échappe pour la 1ère fois à l’Église catholique. 
- la colonisation : Jules Ferry (la mission civilisatrice : " les races supérieures ont le devoir de civiliser les races inférieures ") Apprentissage des colonies à l’école…
- la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905 : c'est la naissance de la "laïcité à la française". La République ne reconnait, ni ne subventionne aucun culte. Toutefois, elle respecte la liberté religieuse et la liberté de conscience de chaque citoyen. 

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